L’impasse citoyenniste…
Manifeste (?) du Web Anticitoyenniste & indépendant
Le Web anticitoyenniste & indépendant, ce sont quelques sites offrant quelques pages mises en place par quelques utilisateurs.
Le Web anticitoyenniste & indépendant, c’est un lien nouveau entre les quelques humains à avoir une connexion internet.
Le Web anticitoyenniste & indépendant c’est une source d’information gratuite, pleine de fautes d’orthograffe, offerte, ouverte et sans prétention.
Le Webeur et la Webseuse anticitoyenniste & indépendant-e ne se sent pas lié-e à l’Etat qui par hasard l’a vu naître, ni à un autre. Il et elle ne revendique aucune fierté vis-à-vis de son appartenance nationale, ethnique ou régionale. Il et elle est zen.
Le Webeur et la Webseuse anticitoyenniste & indépendant-e, forcément prolétaire, se sent plus proche des autres prolétaires (y compris de ceux dont il ne partage pas la nationalité) que de certains de ses compatriotes nationaux.
Le Webeur et la Webseuse anticitoyenniste & indépendant-e est humble et souriant-e. Il est doux et soyeux, elle est douce et soyeuse.
Le Webeur et la Webseuse anticitoyenniste & indépendante est sympa.
Le citoyennisme* :
Par citoyennisme, nous entendons d’abord une idéologie dont les traits principaux sont :
1°) la croyance en la démocratie comme pouvant s’opposer au capitalisme
2°) le projet d’un renforcement de l’Etat (des Etats) pour mettre en place cette politique
3°) les citoyens comme base active de cette politique.
Le but avoué du citoyennisme est d’humaniser le capitalisme, de le rendre plus juste, de lui donner, en quelque sorte, un supplément d’âme.
La lutte des classes est ici remplacée par la participation politique des citoyens, qui doivent non seulement élire des représentants, mais agir constamment pour faire pression sur eux afin qu’ils appliquent ce pour quoi ils sont élus. Les citoyens ne doivent naturellement en aucun cas se substituer aux pouvoirs publics. Ils peuvent de temps en temps pratiquer ce qu’Ignacio Ramonet a appelé la “désobéissance civique” (et non plus “civile”, qui rappelle trop fâcheusement la “guerre civile”), pour contraindre les pouvoirs publics à changer de politique.
Le statut juridique de “citoyen”, compris simplement comme ressortissant d’un Etat, prend ici un contenu positif, voire même offensif. Pris comme adjectif, “citoyen” décrit en général tout ce qui est bon et généreux, soucieux et conscient de ses responsabilités, et plus généralement, comme on disait autrefois, “social”. C’est à ce titre que certains se définissent comme appartenant au monde de “l’entreprise citoyenne”, du “débat citoyen”, du “cinéma citoyen”, du "web citoyen", etc.
Le citoyennisme, fausse conscience et mouvement réactionnaire, concourt à étouffer ce qui n’est encore qu’en devenir, c’est à dire le nécessaire dépassement des structures capitalistes et étatiques que ne vont pas manquer de mettre prochainement en oeuvre ceux qui veulent réélement transformer le monde.
Etre "citoyen", c’est être pour le capitalisme. Un certain défaitisme est en effet très en vogue chez les "réformistes" qui ressassent inexorablement que "nous ne sommes pas capables de sortir du capitalisme" (Susan George et autres ATTAC). Ce sont ces derniers qui nous appellent régulièrement à voter...
" Evidemment, l’individu lui-même croit aux raisons qu’il donne, et cela d’autant plus que ces raisons sont dites "bonnes" dans la mesure où elles sont partagées par un grand nombre de membres d’un groupe, sinon par tous. L’individu qui se justifie est toujours scandalisé lorsqu’on lui dit que les motifs qu’il énonce comme expliquant sa conduite ne sont pas vrais, qu’il a agi pour telle raison (qu’il ne reconnaît pas, explicitement) et que ses explications ne sont que des broderies pour "faire passer" sa conduite et obtenir des félicitations (de lui-même d’abord). "
— Jacques Ellul, Propagandes, Economica, 1990
Le seul remède à l’injustice, les destructions sociales et écologiques, la logique d’accumulation capitaliste, l’individualisme et le dogmatisme économique qu’on nous présente comme unique réalité et horizon indépassable de notre soi-disant modernité : Vivre autrement, rejeter le système politique (Ne plus aller voter !) et se défaire des radotages et des discours d’autopersuasion destinés à masquer notre inaction derrière un pseudo-discours moral et "citoyen".
"Une des forces du citoyennisme est bien d’être un mouvement essentiellement moral, pour ne pas dire moralisateur. On voit avec quelle aisance il passe au-dessus des faits et ne s’embarrasse pas d’analyses lorsqu’il s’agit de passer de la dénonciation de la “crise” à la “répartition des fruits de la croissance”. C’est qu’il s’agit à chaque fois d’avoir la position la plus “civique”, c’est à dire la position la plus généreuse, la plus morale. Et en effet, tout le monde est pour la paix, contre la guerre, contre la “mal-bouffe”, pour la “bien-bouffe”, contre la misère, pour la richesse. En somme, il vaut mieux vivre riche et en bonne santé en temps de paix, que pauvre et malade en temps de guerre."
Inutile d’essayer "d’humaniser le capitalisme, de le rendre plus juste, de lui donner, en quelque sorte, un supplément d’âme." Inutile donc d’élire des représentants, ni de faire pression (lobbying) sur eux afin qu’ils appliquent ce pour quoi ils sont élus ou qu’ils se montrent plus "sociaux" et plus justes. De toute façon, leur "pouvoir" est bien limité...
"Il n’est vrai que nul de dirige les structures. Mais il est vrai aussi que certains secteurs sociaux patissent de la situation, alors que d’autres en profitent. Faut-il pour autant considérer les "bénaficiaires" comme ceux qui décideraient, gouverneraient ? C’est vrai, à la marge. Occuper des lieux de pouvoir, qu’ils soient économiques ou politiques, implique à des degrés très différents une part de responsabilité dans l’ordre social, au moins quant à sa perpétuation. Pour une série de raisons, on peut se mettre du côté de l’injustice, se laisser conduire par elle ou l’appuyer. L’un va dire qu’il ne peut pas faire autrement, l’autre va au contraire revendiquer sa position comme un choix. Responsables, mais pas coupables, au sens où aucun n’est le créateur de ce à quoi il participe.
(...) en ce sens, estimer un homme politique "coupable", c’est d’abord lui supposer une puissance imaginaire : Il suffirait dans ce cas de le remplacer par un autre."
— Florence Aubenas & Miguel Benasayag , Résister, c’est créer , La Découverte.
Voilà. C’est tout.
Liste des très nombreux signataires :
iso.metric
B.A.R.O.U.D
Microbidule
Plus tous les autres , innombrables, qui préfèrent garder l’anonymat pour des raisons évidentes de sécurité.
Texte publié en 2002 sur la première version du site du BAROUD.
Le Webmaster du B.A.R.O.U.D International
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